Ehpad de demain
Avec le vieillissement de la population, les objectifs des Ehpad doivent...
Après l’HAD en Ehpad, cette semaine, nous vous proposons de découvrir les infirmières de nuit, un dispositif incontournable pour éviter les hospitalisations évitables.
Depuis 2015 avec le programme « Personnes âgées en perte d’autonomie » (Paerpa) et d’autres mesures gouvernementales qui ont suivi, les expérimentations en faveur de la mutualisation des infirmières de nuit (IDE) en EHPAD n’ont cessé de se multiplier. Développé selon des modèles différents en fonction des territoires, ce système a largement fait ses preuves et est en passe de se généraliser. Il répond clairement au besoin de médicalisation de l’Ehpad de demain.
Déjà déployé dans de nombreux établissements LNA Santé, en voici quelques exemples.
Suite à un premier appel à projets lancé par l’ARS Pays de la Loire dès 2013, Les Jardins d’Olonne en Vendée, ont été les premiers, au sein du groupe, à expérimenter la mise en place d’infirmières de nuit mutualisées. Depuis le 1er janvier 2019, au vu de la pertinence du dispositif, l’ARS a décidé de le pérenniser. Étendue sur l’ensemble du territoire Olonnais, la mutualisation des infirmières de nuit réunit
Aujourd’hui sept EHPAD, sous le pilotage des Jardins d’Olonne. Comme nous l’explique Odile Vinel, la directrice de l’établissement : « Les bénéfices sont indiscutables. Après plusieurs années de recul, le dispositif est sollicité à bon escient et sans « abus ». En 2018, par exemple, l’IDE s’est déplacée 70 fois sur l’année (pour un total de 621 résidents sur le périmètre concerné), déclenchant seulement 3 hospitalisations. Son impact pour éviter les hospitalisations de nos résidents est évident. »
Dans le Sud de la France, la résidence Le Mas de la Côte Bleue à Martigues, avait initié, dès 2014, des astreintes téléphoniques de nuit internes à l’établissement. Fort de cette expérience, il a remporté avec deux autres EHPAD du secteur (soit un total de 243 lits), un appel à projets pour une expérimentation de mutualisation d’IDE durant 3 ans (2019-2021) dont il est le pilote. Opérationnel depuis mai 2019, le dispositif porte déjà ses fruits : avec une moyenne de 7 appels mensuels et sur les 6 déplacements effectués en 4 mois, cinq hospitalisations ont été évitées.
Pour la directrice, Joëlle Etcheverry : « Le bénéfice pour nos résidents est indéniable et pour nos soignants également. L’IDE apporte des conseils et informations sur les conduites à tenir en cas de soins et surveillance clinique. Généralement, elle intervient dans des cas soit de chute, d’altération de l’état de santé de la personne âgée, ou pour un problème sur le matériel médical. Et quand vraiment, l’hospitalisation est nécessaire, la qualité du diagnostic partagé avec le SAMU favorise la bonne orientation du résident vers les Urgences ou le service approprié. Cette expérimentation a également renforcé nos coopérations avec le CH de Martigues. »
Particularité de la résidence, en parallèle de ce dispositif, elle collabore avec un établissement HAD pour ce qui concerne les interventions de soins palliatifs, de jour comme de nuit. Les deux dispositifs sont complémentaires et fonctionnent efficacement ensemble.
Enfin, dernier exemple avec l’HAD LNA Santé Loir-et-Cher (Établissement d’Hospitalisation à Domicile). Déjà bien implanté dans les EHPAD du territoire pour des prises en charges dédiées aux résidents «intégrés à l’HAD», cette coopération va prendre une nouvelle dimension suite à un appel à projets venant d’être remporté cette année, avec 12 EHPAD du département (soit environ 1 000 résidents concernés) et le SAMU 41.
A compter du mois de novembre, et pour une durée d’expérimentation d’un an, les infirmières de nuit de l’HAD vont être à disposition de tous les résidents de ces EHPAD, en cas de besoin la nuit.
Comme nous le précise, Laure Jacques Félix, directrice de l’HAD Loir-et- Cher : "La mise en place de ce dispositif a nécessité un important travail de collaboration entre tous les acteurs du projet. Formation des équipes en EHPAD aux situations d’urgences par nos infirmières, uniformisation des matériels à disposition sur les chariots d’urgence dans les EHPAD, harmonisation des pratiques… Une évaluation trimestrielle est prévue avec l’ARS. S’il est prématuré de donner des chiffres concrets, l’objectif est bien de minimiser les hospitalisations pour les résidents".
Si la diversité des dispositifs d’IDE mis en place est bien réelle, elle témoigne indéniablement de leur valeur ajoutée : meilleure prise en charge des soins non programmés la nuit, sécurisation des équipes de nuit de l’EHPAD, sécurisation également des résidents et de leurs familles, et bien sûr réduction des hospitalisations évitables.